Un autre regard sur la narcolepsie, épisode 4

Contenu publié le : 13 juin 2016 et modifié le: 27 mai 2016

Dans le cadre de leur TPE (Travaux Personnels Encadrés), trois lycéennes se sont penchées sur la narcolepsie, et ont présenté leur travail sous une forme originale : le carnet de bord d’un journaliste découvrant la narcolepsie de son neveu. Pas à pas, on suit les recherches et les découvertes du tonton reporter.  Vous pourrez ainsi suivre les huit épisodes, chaque semaine jusqu’aux vacances d’été !

Bravo à Clémence Faroult, Albane Bouchaud et Mathilda Jehan du lycée Saint Jean Hulst à Versailles pour la qualité de leur travail et bonne lecture aux internautes pour une meilleure connaissance de cette maladie rare !

Pourquoi ce dysfonctionnement entraîne-t-il autant de troubles chez Jonathan, de jour comme de nuit ?

Mardi 18 novembre 2014 :

Cette maladie trouble le sommeil …

Jonathan m’a fait part d’une de ses principales appréhensions qui le hante au moment d’aller dormir : les hallucinations  hypnagogiques qui surviennent à l’endormissement, et les hallucinations hypnopompiques qui se manifestent au réveil. De telles hallucinations sont des rêves intenses, qui continuent après le réveil d’un malade. Leur survenue est assez espacée, et elles durent généralement quelques secondes, mais lorsqu’elles font surface, Jonathan est pris d’une profonde angoisse. Même s’il est conscient que ces hallucinations ne sont que le fruit de son imagination, il ne peut s’empêcher d’être effrayé. Elles peuvent être visuelles, auditives, et parfois même kinesthésiques, c’est-à-dire qu’il a l’impression de faire des mouvements alors qu’il est immobile. Souvent, Jonathan a tellement peur de s’endormir, qu’il se prive de sommeil, il entre alors dans un véritable cercle vicieux.
Un jour, pendant que nous parlions de ses hallucinations, il m’en a fait un récit détaillé :
“Alors que j’essayais de rejoindre les bras de Morphée, je sentis quelque chose chatouiller mes pieds. Cette chose se rapprochait de moi à grands pas. C’est alors qu’une odeur assez forte me taquina les narines. J’étais sûre d’une chose : un animal était dans ma chambre ! Lequel ? Il fallait que je le découvre… J’identifiais alors ses caractéristiques : multiples écailles vertes et humides, corps très long, tête plate, dents très menaçantes.

C’était un crocodile. J’avais la PHOBIE des crocodiles ! J’étais comme dans un rêve qui devenait réalité.”

Il existe pour Jonathan des situations pires encore, c’est lorsque la paralysie du sommeil intervient simultanément aux hallucinations. Il entre alors dans des états d’angoisse profonds, incapable de bouger. Seule sa respiration haletante permet de faire comprendre à ses proches qu’il est victime d’une crise.
De plus, il lui arrive de parler en dormant.
Grâce à la polysomnographie (PSG) qui explore le sommeil de Jonathan, et au Test Itératif de Latence d’Endormissement (TILE) qui évalue le temps qu’il met à s’endormir, j’ai appris qu’il a un sommeil bien différent de celui d’un individu normal. Ces tests ont montré que sa latence moyenne d’endormissement, est de seulement 3 à 4 minutes soit très inférieure à la latence d’endormissement normale qui est de 15 à 20 minutes.  Ils ont également montré que le sommeil paradoxal peut parfois survenir chez Jonathan  moins de 15 minutes après l’endormissement!
La durée cumulée de sommeil paradoxal est beaucoup plus importante chez les narcoleptiques. Jonathan me retrouve certains matins, l’esprit agité parce qu’il a fait de nombreux rêves étranges, alors que je me souviens à peine des miens. La nuit dernière, par exemple, il a rêvé de la fin du monde, d’extraterrestres, mêlés à un tsunami et une tornade.
Sa qualité de sommeil est mauvaise, si bien qu’il se réveille parfois le matin avec une impression d’être déjà fatigué….
Voici par exemple l’hypnogramme de Jonathan, comparé au mien, la différence est flagrante…

hypnogramme

L’ hypnogramme ci-dessus me permet de constater à nouveau que les endormissements de Jonathan se caractérisent par l’arrivée du sommeil paradoxal. Nos deux hypnogrammes sont si différents…

Capture d’écran 2016-05-27 à 10.45.04

Ici, chez un sujet normal, il y a seulement quatre épisodes de sommeil paradoxal.
Cette trop forte présence du sommeil paradoxal avec une absence très significative du sommeil profond, pourrait-elle avoir des conséquences plus importantes chez Jonathan ?

*Bibliographie

à suivre…

Partagez ce contenu :