Contenu publié le : 5 janvier 2023 et modifié le: 5 janvier 2023
Le sommeil revisité
Selon le Larousse, l’écologie est une science ayant pour objet les relations des êtres vivants (animaux, végétaux, micro-organismes) avec leur environnement, ainsi qu’avec les autres êtres vivants. Étymologiquement « écologie » vient du grec oîkos (maison, habitat) et de lógos (discours, raison, loi, sagesse). De ce point de vue, le sommeil est donc le système le plus écologique qui soit. Le sommeil est une histoire entre soi et soi, entre soi et les autres, et entre soi et l’environnement. Il a une construction qui est tout entière liée à la physiologie, avec ses règles, ses besoins, une organisation qui ne doit rien au hasard. Finalement, l’écologie du sommeil recoupe tout ce qui construit et influence le sommeil.
On a longtemps parlé d’hygiène du sommeil, censée poser le cadre des habitudes et des comportements qui favorisent le sommeil, mais c’est une terminologie très incomplète pour expliquer tout ce qui rentre en interactions avec le sommeil, et qui renvoie aux théories hygiénistes de la fin du 19ème siècle, largement normatives et désuètes. La pensée évolue avec la connaissance et les concepts changent avec les époques.
L’écologie du sommeil : un écosystème complexe
Notre époque qui se préoccupe de plus en plus d’écologie pour la santé de notre planète, devrait déjà s’intéresser d’une manière urgente à la santé du sommeil. Notre vie moderne et notre absence d’éducation au sommeil tout au long de nos apprentissages et de notre parcours scolaire contribuent à altérer l’écosystème du sommeil. L’homme dort la nuit, ou devrait dormir la nuit. Sa vision nocturne est inexistante, sauf dans un champ exposé à la pleine lune, où il « voit » un peu, mais pas suffisamment pour être rassuré et se sentir en sécurité. Voir la nuit a toujours été une préoccupation de l’être humain.
On a fait un grand pas dans le contrôle de la nuit depuis la découverte du feu par nos ancêtres préhistoriques. Maintenant avec les armées de leds qui éclairent nos routes, nos villes, et nos yeux avec les smartphones, la différence jour/nuit s’estompe, modifiant considérablement l’écosystème du sommeil. Cette baisse du contraste entre le jour et la nuit, si l’on n’y prend pas garde, est à l’origine d’un sommeil de moins bonne qualité. Le sommeil a besoin, pour s’organiser au mieux, de fonctionner avec ses 2 moteurs fondamentaux, celui qui règle la durée, et qui répond à des mécanismes homéostasiques, et celui qui règle le rythme du sommeil et qui répond à une organisation circadienne. Cette dernière replace l’individu dans un rythme de 24 heures dont la force est l’alternance du jour et de la nuit, très mise à mal par l’éclairage artificiel. C’est à dire que notre environnement modifié, vient altérer une dimension cosmique de la régulation de notre sommeil.
En effet, l’alternance jour/nuit, est liée à la rotation de la terre sur elle-même, et de sa rotation par rapport au soleil. Comme quoi, dormir n’est pas une simple histoire de neuromédiateurs qui commandent l’endormissement et le réveil, mais le sommeil est connecté à l’ensemble de notre monde et de notre environnement.
Evoluer pour s’adapter
Pour notre santé, il est donc primordial de mieux connaître collectivement et individuellement le sommeil afin de mettre en place des stratégies et des comportements qui préservent le bien dormir tout en profitant des progrès technologiques.
Docteur Sylvie Royant-Parola
Cliquez ici pour consulter tous nos articles de blog.